vendredi 26 septembre 2014

What about [...] Les mots qu'on ne me dit pas [...] Véronique Poulain



  • Relié: 144 pages
  • Editeur : Stock (20 août 2014)
  • Collection : La Bleue

  • Résumé :

    « “ Salut, bande d’enculés ! ”
    C’est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison.
    Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu’ils sont sourds.
    Je vais leur prouver que je dis vrai.
    “ Salut, bande d’enculés ! ” Et ma mère vient m’embrasser tendrement. »

    Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte.
    Son père, sourd-muet.
    Sa mère, sourde-muette.
    L’oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot.
    Le quotidien.
    Les sorties.
    Les vacances.
    Le sexe.
    D’un écartèlement entre deux mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie.
    D’une famille différente, un livre pas comme les autres.


    Mon avis :

    J'ai lu ce roman en l'espace d'une soirée. C'est le genre de petite merveille de la rentrée littéraire 2014 dont il faut jouir, un soir, dans son lit avec un bon thé.

    Ce roman autobiographique est le premier publié de Véronique Poulain. L'histoire est simple, elle nous parle de son adolescence avec ses parents sourds. La plume de l'auteur se veut tantôt satirique, tantôt contrite, parfois espiègle. Cette jeune fille nous touche, car elle nous dresse le portrait de son quotidien auprès de ses parents. Les phrases sont courtes, simples : poignantes. La ponctuation dans ce roman occupe une très grande place. Le ton de l'écriture est bref, réfléchis. Elle va  à l'essentiel, et on aime ça.

    Véronique nous expose les stratagèmes mis en place pour réussir à communiquer avec ses parents. Comme elle le dit, d'un ton excédé dans le roman, "On dit muets, sourds et muets. Idée reçue. Les sourds parlent. Ils ont une voix. Ils ne la contrôle pas, ils ne la placent pas mais elle existe [...] Une voix ridicule qui vous fout une honte suprême quand vous la subissez". Durant son adolescence, elle nous explique la colère teintée de culpabilité qu'elle peut ressentir au quotidien.
    Parfois elle évoque, et ça m'a fait sourire, les bêtises qu'elle a pu faire comme par exemple "Depuis toujours, chaque année, Alexis, Eve, Valérie et moi nous livrons à ce jeu cruel : deviner les mots massacrés par nos parents".
    Mais ce n'est pas tout, Véronique nous explique comment comprendre les personnes sourdes. Elle nous expose de nombreuses anecdotes qui modifient notre perception de la maladie : "Les sourds sont très à l'aise avec leur corps. Leur corps, c'est leur langue, et il exprime toutes leurs envies. Très clairement".
    Nous sommes également témoin de l'amour inconditionnel porté par les parents de l'auteur à leur fille. Son père lui offre un piano, et comme nous l'explique Véronique : "Le truc qui ne veut rien dire pour lui. Le cadeau altruiste par excellence... La preuve de son amour". L'auteur attache beaucoup d'importance à ces preuves d'amour. Je pense que le manque de communication, lui a fait penser à un manque d'amour durant son enfance. En effet, communiquer avec une personne muette est très succins. Leur vocabulaire est primaire (même s'il évolue depuis quelques années maintenant). Durant l'enfance de Véronique, pas de longues phrases rassurantes pour la réconforter ou la rassurer dans ses moments de doutes : "Dans la langue de mes parents, il n'y a pas de métaphores, pas d'articles, pas de conjugaisons, peu d'adverbes, pas de proverbes, maximes, dictons. Pas de jeux de mots. Pas d'implicite. Pas de sous-entendus. Déjà qu'ils n'entendent pas, comment voulez-vous qu'ils sous-entendent?"
    Nous apprenons également de jolies choses, comme par exemple, le fait que la langue des signes est universelle. Un américain peut parler avec un africain. Un français avec un asiatique. Nous apprenons que cette langue vivante se renouvelle chaque jour. Pas de barrière entre les civilisations... Pas comme nous ...

    Ce roman est une belle leçon de vie. Je suis ravie de l'avoir découvert et de l'avoir lu car ma vision des mal entendant ne sera plus jamais la même... Alors, merci Véronique.

    Ma note : 5/5
    

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